points de vue

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  • Précisions factuelles sur les enjeux des pesticides
     
     
     
     
     
  • question pesticides - introduction
     

    Deux initiatives visant l'interdiction des pesticides utilisés en agriculture sont soumises au peuple le 13 juin 2021. De nombreuses affirmations sont avancées par les initiants de l'IN "interdiction des pesticides de synthèse", fondées essentiellement sur l'émotion. Cette rubrique présente les faits, en réponse aux 10 arguments principaux.

     
     
     
  • #1/10 impact sur la santé
     

    affirmation #1/10

    "les pesticides de synthèse sont dangereux pour la santé, responsables de cancers, de la diminution de la fertilité et du QI... "

    « Parkinson, cancer, fertilité masculine diminuée etc. sont en constante augmentation. Nous devons agir fermement, le «goodwill » n’est pas suffisant. Des prescriptions sont indispensables, comme d’autres l’ont été dans le passé (amiante, fumée passive, ceinture de sécurité). »

    réponse #1/10 - l'impact sur la santé est pris au sérieux 

    Les limites et exigences en Suisse sont extrêmement strictes et contrôlées. Notre santé est protégée. Les maladies comme le cancer ou les dégénérescences neurologiques sont multifactorielles. L'allongement de l'espérance de vie contribue à leur augmentation.

    • l'étude sur la fertilité citée par les initiants ne permet pas de déduire que les pesticides ont une influence sur la fertilité. L'étude montre une légère corrélation., cela ne signifie pas qu'il y a une relation de cause à effet.
    • des études menées à large échelle à l’étranger (ex : France, Agrican 2020) ont montré que la population agricole était en meilleure santé que la population non agricole et que l’incidence globale des cancers y est moindre que dans la population générale. Pour la cohorte de population suivie de 2005 à 2015, 43 cancers sont étudiés : 6 ont été trouvés plus fréquemment et 17 moins fréquemment que dans la population générale du territoire concerné). Il s’agit d’études épidémiologiques.
    • toutes les matières actives n’ont pas la même incidence ni les mêmes risques pour la santé. Les molécules pour lesquelles un lien de causalité est établi ou suspecté font l’objet de retrait ou de réexamen.
    • l’interdiction de l’amiante, de la fumée passive ou l’obligation de la ceinture de sécurité ne figure pas dans la Constitution !

    dans la pratique

    • toute activité humaine est potentiellement source de pollutions problématiques pour la santé. En Suisse, chaque année
      14'000 t de microplastiques sont déversés dans la nature dont 8000 t proviennent des pneus > toxique pour les poissons.
      50 t de médicaments sont déversés dans le Léman (étude CIPEL). Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg car moins de 100 substances sur plus de 2000 sont analysées. Les seuils de plusieurs d'entre eux sont systématiquement dépassés, contrairement aux pesticides. La quasi totalité des pesticides fait l'objet d'un suivi (381 sur 409), aucun seuil n'est dépassé..

    • de nombreuses substances et micropolluants provenant d'activités industrielles, de produits d'hygiène et ménagers, d'additifs, de médicaments... se retrouvent systématiquement dans l'eau. (études EAWAG). Les études écotoxicologiques sont nécessaires pour mieux évaluer leur impact. 

    • des molécules d’origine naturelle peuvent aussi se révéler hautement toxiques pour la santé humaine. C’est le cas de la Roténone, molécule organique (produite par les racines et les tiges de certaines plantes tropicales), qui fait partie de la classe des ichtyotoxines. Utilisée comme insecticide dès les années 1920, remplacée par le DDT ou l'HCH après 1945, fait son retour en agriculture biologique en raison de ses capacités à se dégrader rapidement. Son utilisation est interdite en 2008 par la Commission européenne car sa toxicité pour l'homme (favorise la maladie de Parkinson, toxique pour l'embryon, peut altérer la fertilité, toxique pour l'utilisateur) et démontrée. 

    • le fait qu’un produit soit synthétisé en laboratoire ne dit rien sur sa toxicité ni sur sa dangerosité pour l’homme ou l’environnement. Ces risques doivent être considérés indépendamment de l’origine (naturelle ou artificielle) des substances. Toutes substances, matière active ou adjuvants, présents dans les compositions chimiques, doivent être évalués selon les mêmes critères de risques.

    • la manipulation et l’utilisation de pesticides dans la pratique agricole nécessitent des connaissances et une formation appropriée sanctionnée par un permis de traiter. Le respect des prescriptions, notamment les règles de protection (gant, masque…) lors de l’utilisation est impérative.
     
     
  • #1/10 impact sur la biodiversité
     

    affirmation #2/10

    "les pesticides sont responsables de la disparition des insectes"

    "La disparition de 75 % de la biomasse des insectes en moins de 30 ans réclame une réaction urgente (l’initiative contre les pesticides de synthèse donne 10 ans) "

    réponse #2/10 - de nombreux facteurs affectent la biodiversité

    La préservation de la biodiversité est une priorité. Les pouvoirs publics cantonaux et fédéraux agissent de concert par des Stratégies biodiversités coordonnées et des plans de mesures en faveur de la biodiversité (surfaces de compensation écologiques, couloirs faunistiques, renaturation de cours d’eau, prescriptions et restrictions des modes de production agricoles…).

    De nombreux projets régionaux pour promouvoir les insectes, en particulier les abeilles, sont réalisés de façon ciblée. Les mesures sont variées et portent notamment sur les applications phytosanitaires, les techniques et stades de fauche mais aussi sur la diversité botanique, la communication entre agriculteurs et apiculteurs.

    Le projet « la Suisse fleurit » veut motiver les exploitations agricoles à semer des bandes fleuries (en plus des surfaces de promotion de la biodiversité) et encourager la population à faire fleurir la Suisse. Les bandes fleuries fournissent aux abeilles et autres insectes une source de nourriture, assurent la présence d’auxiliaires, réduisant ainsi la nécessité de protéger les cultures avec des produits phytosanitaires.

    • les prescriptions d’utilisation des pesticides tiennent compte de leur impact sur les insectes, la faune, la flore et les milieux aquatiques. Ces critères sont inclus dans l’analyse des risques établie en vue de leur autorisation.
    • parmi les pesticides autorisés en culture biologique, certains sont également problématiques pour l’environnement (toxiques voire très toxiques pour les abeilles et les organismes aquatiques – spinosad, pyrèthre)
    • l'agriculture n’est pas la seule responsable du déclin des insectes, de nombreux facteurs d'influence tels que l'expansion de la zone résidentielle et la pollution lumineuse sont à considérer.
    • IN « pour la Biodiversité » a abouti et permettra d’aborder spécifiquement ce volet, en renforçant certaines mesures. Le Conseil fédéral, dans sa proposition de contre-projet, prévoit pour la première fois la promotion de la biodiversité dans les villes et les agglomérations en raison de l’impact majeur sur la faune et la flore que constitue l’espace urbanisé.

    dans la pratique

    Des mesures en faveur de la biodiversité sont mises en œuvre depuis 20 ans de manière explicite. Plusieurs prestations écologiques (PER) visent à protéger et développer la biodiversité:

    • 7% des surfaces cultivables doivent être dédiés à la promotion de la biodiversité (jachères florales, prairies extensives…).
    • actuellement ce taux atteint 19%, soit près de 190 000 hectares, ou 3,5 fois la superficie du lac Léman, sont dédiés par l’agriculture à la promotion de la biodiversité en Suisse.
    • le Plan fédéral de réduction des risques liés à l’utilisation des produits phytosanitaires contient 50 mesures au niveau national. Des Plans cantonaux viennent compléter les mesures fédérales.
    • la Loi fédérale sur la diminution des risques liés à l’utilisation de pesticides votée par le Parlement entre en vigueur le 1 janvier 2023, quelques soit l’issue du scrutin le 13 juin. Elle impose des objectifs contraignants et concrets.
    • IN Eau propre réduirait les surfaces de compensation écologique et de promotion de la biodiversité car de nombreuses exploitations renonceraient aux paiements de prestations écologiques pour assurer la qualité et la quantité de leurs productions. Pour les cultures spéciales qui ne dépendent que marginalement des paiements directs (viticulture, arboricultures, maraîchères, horticultures), il est estimé que 90% de ces exploitations sortiront des PER.
    • une étude Agroscope montre que l’IN Eau propre ferait reculer les surfaces de promotion de la biodiversité de 5 à 15 %: plus de 10 ans d’efforts par l’agriculture en faveur de la biodiversité seraient perdus.

    • l’acceptation des initiatives serait de mauvais augure pour les abeilles et, de manière plus générale, pour tous les insectes, dont le déclin est une source de préoccupation partagée.
    • condamner les exploitations agricoles ne résoudra pas cette problématique qui touche toutes les régions densément peuplées.
     
     
  • #3/10 fertilité des sols
     

    affirmation #3/10 

    "les pesticides tuent la fertilité des sols"

    « Agronomiquement, les essais longues durées suisse (DOK) et américain (Rodale) prouvent que la culture sans pesticides de synthèse conduit à une revitalisation des sols, à une augmentation de la fixation de CO2 dans les sols (qui à l’échelle mondiale est considéré comme étant le meilleur moyen de lutter contre le réchauffement climatique), de la fertilité et des rendements. Aujourd’hui, avec l’agriculture industrielle, la fertilité des sols est en baisse, les rendements ne peuvent être maintenus qu’avec un apport de plus en plus important en pesticides et engrais de synthèse, dont la fabrication est une grande source de CO2. »

    réponse #3/10 - la fertilité des sols suisses est bonne

    • En Suisse, les pesticides sont utilisés depuis de nombreuses décennies. Il n’est pas observé de diminution des rendements ni de diminution de la fertilité en lien avec cette utilisation.
    • Les essais DOK (qui comparent entre eux depuis 1978 les systèmes agricoles biodynamique, biologique et conventionnel/intégré) n’apportent pas de réponse adéquate ou de justification correcte à la proposition de l’initiative pesticides de synthèse. Parmi les 4 situations étudiées dans les essais DOK, aucune ne correspond au système proposé par l’initiative (sans pesticides de synthèse mais avec engrais).
    • La santé des sols dépend de la manière de les travailler et de ce qu’on y fait pousser. L’agriculture biologique y trouve ses limites par l’utilisation encore nécessaire du labour qui contribue à l’érosion.
    • La fertilité des sols doit être préservée et les pratiques  problématiques remplacées chaque fois que cela est possible. Ces pratiques concernent tout aussi bien leurs effets sur la structure que l’activité biologique du sol.
    • Les rendements de l'agriculture biologique sont en moyenne inférieurs de 20 % qu’en agriculture PER (intégrée). La perte de rendement varie selon le type de culture et la disponibilité de moyens de protection efficace. Cette perte peut aller jusqu’à 40% voire 60% pour les pommes de terre, colza, betteraves, ou être totale  selon la météo et la pression des maladies.
    • Même le pionnier de l'agriculture biologique, Urs Niggli, affirme que le monde ne pourra pas être nourri par l'agriculture biologique dans un avenir proche.
    • L'objectif est de rendre la production agricole dans son ensemble plus durable et de nourrir 10 milliards de personnes.

    dans la pratique 

    La recherche du meilleur bilan écologique est la règle.

    • Il n’existe pas d’agriculture intensive ni industrielle en Suisse. La taille moyenne par exploitation atteint un peu plus de 20ha (contre USA 170 ha ; EU 14 ha en moyenne, mais avec République Tchèque 152 ha et Roumanie 3 ha, France et Allemagne env. 55 ha, Danemark et Luxembourg env. 60 ha).
    • Différentes approches sont conduites pour préserver la qualité du sol et varient selon le type de cultures, le type de sols, et la situation géographique. 
      Pour les céréales, des techniques de cultures sans labour ont vu le jour ces dernières années. Ces techniques de « conservation » ont l’avantage de maintenir piégé dans le sol le CO2 capté dans l’air. Cette approche sans labour est utile pour la biologie du sol et prometteuse dans la lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, la culture de céréales sans labour nécessite un traitement annuel avec un herbicide, avant la mise en culture. Ce qui ne serait pas possible avec une interdiction des pesticides.
    • La recherche de l’équilibre et d’un bilan écologique global favorable doit rester la règle.
    • Le plan d’action du Conseil fédéral sur les produits phytosanitaires fixe comme objectif de réduire de 50% l’utilisation des pesticides persistants dans les sols.
    • La loi sur la réduction des risques liés à l’utilisation de pesticides votée par le Parlement donne un délai jusqu’à 2027 pour y arriver. Elle inclut tous les utilisateurs et l’ensemble des fertilisants.
     
     
  • #4 la loi sur les diminutions des risques
     

    affirmation #4/10

    « La loi va beaucoup moins loin, elle ne concerne que 50 pesticides alors que tous devraient être interdits. »

    réponse #4/10 - La Loi sur la diminution des risques phytos votée par le Parlement répond aux objectifs soulevés par les initiatives.

    Cette loi s’apparente à un contre-projet indirect aux deux IN. Contraignante et ambitieuse, cette loi est la plus stricte au niveau européen en matière de limitation d’utilisation des pesticides.

    •  Un objectif concret de réduction des 50% des risques à atteindre d’ici 2027, soit 5 ans, est imposé. Elle tient compte des toutes les utilisations (privées, publiques, commerciales, professionnelles, en agriculture comme pour l’usage industriel ou l’entretien du paysage) et inclut les fertilisants.
    •  Elle est fondée sur le principe de gestion des risques, ce qui permet de tenir compte de TOUS les risques liés à l’utilisation des pesticides.
    • Elle ne discrimine ainsi pas les produits selon leur origine (molécule naturelle ou artificielle) ou leur mode d’obtention (extraite ou synthétisés), mais en fonction de leur toxicité et de leur dangerosité pour l’homme et l’environnement.
    • Tous les critères sont pris en compte dans un indice de risque développé par la recherche agronomique publique et les exigences renforcées.
    •  Cette loi cohérente tient compte de l’ensemble des pesticides ainsi que des fertilisants, qui sont également soumis à des obligations de réduction fixées dans le même laps de temps.

    dans la pratique 

    La loi votée par le Parlement est la plus stricte d’Europe, et doit atteindre ses objectifs en 2027.

    • L’utilisation de matières actives que l’on trouve à l’état naturel, et autorisées en agriculture biologique, peut également se révéler problématique pour les sols, l’humain ou la biodiversité. L’IN pesticides de synthèse n’en tient pas compte.
    • La loi votée par les deux Conseils le 19 mars 2021 tient compte de tous les enjeux.
    • Les ordonnances d’application sont déjà en consultation (avec délai au 18 août 2021) et la date d'entrée en vigueur validée au 1er janvier 2023.
    • Cette loi permettra d’atteindre les enjeux soulevés par les initiatives sans condamner les exploitations ni détruire la viabilité économique et sociale de la production agricole suisse.
    •  Les initiatives elles, en cas d’acceptation, seront inapplicables en l’état. Un long processus parlementaire s’en suivra, sans certitude quant au résultat.

     
     
  • #5/10 pesticides de synthèse
     

    affirmation #5/10

    "les pesticides de synthèse sont des molécules créées en laboratoire qui n’existe pas dans la nature"

    « Si la définition scientifique des « pesticides de synthèse » fait défaut, nous avons toujours communiqué très clairement sur ce sujet et adopté la définition utilisée par BioSuisse et le FiBL : les pesticides de synthèse sont des molécules créées en laboratoire et qui n’existent pas dans la nature. Ni le sulfate de cuivre, ni le soufre, ni les phéromones ou encore la vitamine C n’y appartiennent, même s’ils sont fabriqués, synthétisés ou produits industriellement.

     

    « Prétendre le contraire [ndlr: que les produits synthétisés industriellement comme les phéromones, le sulfate de cuivre… sont des produits de synthèse] relève de la mauvaise foi, c’est ce que fait le lobby de l’agrochime qui défend son business, de la part de politiciens cela nuit au débat démocratique. »

    réponse #5/10 - il n’y a pas de définition légale de la notion de pesticides de synthèse

    Le texte de l’initiative parle de pesticides de synthèse. Le Conseil fédéral a mentionné clairement que la notion de pesticides de synthèse n’est pas définie par la Loi. Aucun pays n’a procédé à une telle définition.

    Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un terme vernaculaire ne pouvant s’apparenter qu’à une « sélection » de produits. La définition que les initiants ou BioSuisse en font est une interprétation privée, non généralisable.

    Tout organisme vivant (du microorganisme au mammifère) est le siège de multiples synthèses pour élaborer des substances complexes (hormones, enzymes, glucides, vitamines, chlorophylle, ARN…). En chimie, la synthèse est une opération par laquelle des corps simples sont combinés pour obtenir un composé plus complexe, qui sert à produire des substances (phyto)pharmaceutiques ou chimiques qu'on ne pourrait pas obtenir ou extraire à l'état naturel.

    • Les produits de synthèse englobent donc un ensemble de substances produites par voie de synthèse. Quelques soit le principe actif qu’ils contiennent.
    • Un produit de traitement (pesticide) est constitué de la matière active à laquelle s’ajoute d’autres composés nécessaires à sa stabilité ou son application, peu importe que le principe ait une correspondance dans la nature ou non. Ces composés ou adjuvants sont par définition des produits de la synthèse, dont il faut évaluer les risques également.
    • La dangerosité pour l’homme et l’environnement peut donc être induite par le principe actif (ayant une correspondance dans la nature ou non) mais également par les substances ajoutées pour assurer la stabilité et l’efficacité de ce principe actif.
    • Le fait qu'une substance soit synthétique ou biologique ne dit rien de sa toxicité et de son effet potentiellement problématique sur l'environnement.
    • Raison pour laquelle les pays autorisent ou interdisent les pesticides après analyse des risques, et non en fonction de leur mode d’obtention (par extraction, par synthèse…).
    • Les pesticides dont la dangerosité est avérée peuvent et sont déjà aujourd’hui retirés et interdits d’utilisation. C’est un processus constant que la loi le prévoit déjà, il n’y a pas lieu d’inscrire cela dans la Constitution.

    Le texte soumis au peuple le 13 juin 2021 (Interdiction des pesticides de synthèse) est non équivoque. Il interdit tous les pesticides de synthèse, indépendamment de la notion de risque. Cette approche est un non-sens sous l’angle scientifique, technique et juridique.

    dans la pratique 

    Certains produits utilisés en agriculture biologique doivent être synthétisés chimiquement car on ne les trouve pas en quantité suffisante dans la nature ou parce que leur forme chimique nécessite des adaptations pour assurer une application efficace.

     

    • Les phéromones utilisées pour protéger les pommiers ou la vigne des vers, sont des produits de synthèse (substance active = E8-12Ac, Z8-12Ac, E8E10-12 OH, 14 OH) mais dont il existe une correspondance dans la nature.
    • Le cuivre n’est pas moins dangereux pour l'environnement que certains pesticides synthétiques.
    • Les pyrèthres, extraits de chrysanthèmes, sont des molécules naturelles hautement toxiques utilisées en culture biologique pour lutter contre toutes sortes de ravageurs. Ce produit a très large spectre a des effets plus délétèrent sur les auxiliaires (typhlodrome, syrphe, punaise prédatrice, etc.) que certaines substances actives de synthèse. Particulièrement toxique pour les abeilles.
    • De manière générale, ces produits ont une demi-vie plus courte mais spectre d’action large, et donc préserve moins les organismes utiles (auxiliaires).
    • Les pesticides biologiques sont également produits par « l'agrochimie » (sur la dizaine de firmes produisant des produits de traitements phytosanitaires, seule une ne commercialise que des produits admis en bios).
    • L’industrie de la bioprotection est en forte progression avec une croissance annuelle de 15%, soit un doublement de son chiffre d’affaires (CA) tous les 5 ans. Cela est particulièrement vrai pour le Groupe fenaco-Landi, dont une part croissante de son CA comme de ses investissements est liée à la bioprotection.
     
     
  • #la vérité sur le cuivre
     

    affirmation 6/10 

    " l'agriculture conventionnelle utilise plus de cuivre " 

    « Si 95 % du cuivre agricole est actuellement utilisé par l’agriculture conventionnelle ou la production intégrée (PI), cela prouve que ce n’est pas la culture bio qui en est friande. Les quantités autorisées à l’hectare en Bio et Demeter sont nettement plus basses que dans l’agriculture conventionnelle. Son remplacement est en cours. Ici aussi c’est un faux débat. »

    réponse #6/10 - aucune alternative bio n’est disponible à ce jour pour remplacer efficacement le Cuivre

    Le Cuivre est utilisé depuis 150 ans pour ses effets antifongiques et partiellement bactéricides.

    • Le Cuivre est un métal lourd qui s’accumule dans les sols. Il migre peu, mais par les phénomènes d’érosion (vent et ruissellement), il se disperse aussi dans l’environnement et se retrouve dans l’eau de surface et les cours d’eau.
    • Pour éviter l’enrichissement des sols en Cuivre, des recherches sont menées depuis des décennies afin de trouver des alternatives.
    • L’utilisation du Cuivre a pu être diminuée en production conventionnelle grâce au développement de produits synthétiques plus spécifiques.
    • Le Cuivre reste en revanche la seule substance disponible pour lutter efficacement contre différentes maladies fongiques en production biologique, car aucune alternative réellement efficace n’est à ce jour validée en bio, malgré une recherche internationale active. Les essais actuels n’ont pour l’heure pas abouti.
    • La majorité du Cu retrouvé (64%) proviendrait du lisier de porc (alimentation), ensuite viendrait la pollution de l’air (11%) puis les cultures (env 8%).

    dans le pratique 

    Les quantités de Cuivre maximales autorisées en culture conventionnelle, PER, ou Bio sont identiques. Des labels privés (VitiSwiss, Demeter) peuvent être plus contraignants. Les doses réellement utilisées dépendent de la météo et de la pression des maladies.

    Viticulture :

    Homologation : max. 6kg/ha/an avec bilan de max. 20 kg/ha sur 5 ans

    • PER : 4 kg/ha/an , (maximum 4 kg/ha/an, pas de traitement avant floraison ou alors limitation parcellaire 3 kg/ha/an).
    • Certificat Vitiswiss (PI): 3 kg/ha/an
    • Bio Suisse : 4 kg/ha/an en moyenne sur 5 ans.
    • Demeter : 3 kg/ha/an, maximum annuel de 4 kg/ha/an, max. de 500 g/ha par traitement.
    • Union européenne : 4 kg/ha/an en moyenne sur 7 ans, pas de limite annuelle.

    Les doses réellement utilisées dépendent de la météo et de la pression des maladies. En année normale, les quantités peuvent être réduites à 2-2,5kg/ha. En raison de l’absence d’alternatives, les cultures bio sont plus susceptibles de devoir utiliser les quantités maximales autorisées.

    • En période pluvieuse, les préparations à base de Cuivre sont vite lessivées. Les traitements doivent être renouvelés plus souvent que les alternatives synthétiques, occasionnant plus d’émission CO2, plus de PM10, plus de tassement du sol, plus de main-d’œuvre, autant de facteurs qui pèsent sur le bilan global, écologique et économique.

     
     
  • consommation de viande
     

    affirmation #7/10 

    "Moins de production de viande et moins de gaspillage alimentaire permettrait d’améliorer notre taux d’auto-approvisionnement"

    « On sait que 60 % de notre alimentation végétale (objet principal de notre initiative) est importée et que les terres arables fondent comme neige au soleil sous l’emprise du béton. Si plus de la moitié de ces surfaces sont consacrées aujourd’hui à la production animale, une réorientation d’une petite partie vers la production végétale et une réduction du gaspillage alimentaire (actuellement environ 30-40 %) permettrait, elles, d’améliorer sensiblement notre taux d’auto-approvisionnement. »

    réponse #7/10 - Interdire les pesticides de synthèse n’a aucune incidence sur la consommation de viande !

    • Plus de la moitié des terres ouvertes sont consacrées au blé panifiable, aux betteraves sucrières, au colza, à la pomme de terre, au tournesol et aux légumes. (55%) (Prairies artificielles non incluses).
    • L'initiative ne concerne pas la demande de viande en Suisse. Tant que la consommation de viande en Suisse reste stable : remplacer les vaches par des légumes/fruits/céréales, signifie augmenter les importations de viande. Si la consommation change, la production suisse s'adaptera automatiquement.
    • L’initiative ne concerne pas non plus le gaspillage alimentaire. Le risque que le gaspillage alimentaire augmente avec les deux initiatives est clair:

    - parce qu'il y aura moins de possibilités de protéger les cultures et donc plus de pertes de récoltes,

    - parce que les biocides ne pourront plus être utilisés pour l'hygiène dans la transformation alimentaire et que la qualité comme la conservation des aliments en patira.

    dans la pratique 

    Les fourrages n’étant pas des denrées alimentaires, l’initiative « pesticide de synthèse » n’empêcherait pas leur importation, même si les fourrages sont issus de production ayant eu recours à des pesticides de synthèse. Ainsi, les exploitations seront encore plus incitées à s’orienter sur la production animale ! A l’inverse donc de ce que s’imaginent les initiants.

    • De nombreuses surfaces agricoles suisses sont constituées de pâturages, car inadaptées à la culture céréalière ou maraîchère.
    • Dans ces régions, l’élevage (vaches, moutons, chèvres, chevaux) constitue souvent la seule activité agricole viable. L’élevage contribue à maintenir la qualité des paysages et à conserver les zones de détentes (en particulier en montagne). Sans élevage, de nombreux pâturages retourneraient à l’état de friches voire de forêts.
    • Pour les exploitations concernées, il n’est pas possible de convertir l’élevage en production végétale. Leur interdire l’usage de biocide ou l’achat de fourrage (IN Eau propre) revient à les condamner.
    • Le gaspillage alimentaire concerne toute la chaîne, de la production à la consommation. Ces initiatives n’ont aucune incidence sur les étapes de distribution ni sur les consommateurs.
     
     
  • circuit court
     

    affirmation #8/10 

    "manger sain aujourd’hui, en s’approvisionnant dans le commerce de détail, est un privilège de riche inadmissible"

    «Concernant les prix, la pandémie que nous connaissons a renforcé les marchés de proximité, les achats à la ferme. Les amateurs de produits bio ont ainsi réalisé que contrairement aux prix payés en grande surface, ceux payés à la production étaient nettement plus bas. 90 % de la plus-value d’un produit labellisé bio va dans la poche de l’industrie de transformation et de la grande distribution. Ainsi, manger sain aujourd’hui, en s’approvisionnant dans le commerce de détail, est un privilège de riche. Inadmissible. Notre initiative corrigera cette source d’inégalité sociale car même la nourriture « entrée de gamme » sera garantie sans pesticides de synthèse et donc bien meilleure pour la santé. Les économies d’échelle (logistique, conditionnement, économies des intrants phytosanitaires) et la juste concurrence sur les marges de bénéfice permettront à moyen terme (les 10 ans prévus par notre initiative) une baisse des prix à l’étalage. De plus cette baisse de prix ne se fera pas au détriment des producteurs. Prétendre que la nourriture sera inabordable et se baser sur le prix actuel du bio pour faire peur au peuple relève de la démagogie. »

    réponse #8/10 - Les produits de l’agriculture suisse, conventionnels ou bio, sont sains.

    • Les conséquences de l'initiative pour une Suisse sans pesticides concernent aussi bien l'importation des aliments, que le choix en denrées alimentaires et les prix. Cette initiative touche l'industrie agroalimentaire de plein fouet.
    • Avec l'initiative sur les pesticides de synthèse, ce sont tous les prix qui seraient en augmentation (production indigène et importations). Le tourisme d'achat serait donc forcément en augmentation, car épargné par l’initiative.
    • Les standards de production suisse permettent la production de fruits, légumes, céréales, lait ou viande sains à des prix abordables pour tous les consommateurs. Les produits (conventionnels ou bio) sont sains. Mais en effet, pouvoir offrir un repas équilibré à ses enfants devient pour certains foyers de plus en plus difficile. Accepter cette initiative aurait pour conséquence une augmentation des prix et rendrait inaccessible les produits suisses à de nombreux ménages.

    dans la pratique 

    Les initiatives renchériront l’ensemble des étapes de la production à la transformation.

    • L’initiative n’a aucune influence sur les marges des détaillants, ni le pouvoir de modifier les mécanismes de création des prix dans la chaîne de valeur. Ceux-ci dépendent notamment de l’offre et de la demande et des prix sur les marchés internationaux.

    • Si l'on peut se réjouir de l'augmentation des ventes directes à la ferme et d'un plus grand intérêt de la part du consommateur pour l'approvisionnement local, la grande distribution assure toujours l'écoulement de près de 80% de la production agricole suisse. L'évolution des modes de commercialisation imposera une coexistence de modèles.
     
     
  • #9/10 contrôle aux frontières
     

    affirmation #9/10 

    « Bien qu’ils soient perfectibles, les contrôles des filières d’importation de produits labellisés existent déjà et pourront simplement être étendus. Prétendre la chose impossible est faux. »

    réponse #9/10 - Les labels sont de droit privé et indépendants.

    • Les contrôles des filières labellisées comme le bio ou le commerce équitable sont de droit privé et indépendants.
    • Augmenter les contrôles veut dire augmenter les coûts et donc les prix des produits.
    • En tant qu'Etat, la Suisse ne peut pas imposer sa loi à l’étranger, ni imposer des règles de manière unilatérale. Cela s'appelle de l'ingérence.
    • Interdire les produits alimentaires issus d'une production ayant recours aux pesticides de synthèse est contraire aux accords internationaux (principe d’équivalence) et aux accords de l’OMC.

    dans la pratique 

    • Mener des contrôles pour vérifier que les produits transformés n’ont, à aucune étape de leur production, été en contact avec un produit de synthèse est irréaliste.
    • Pour les matières premières ou les produits tels que les fruits, légumes, farines, sucres, huiles, café, chocolat, graines, … cela veut dire introduire une obligation de capter la production bio là où elle est disponible dans le monde. Avec des conséquences environnementale et sociale aussi sur la paysannerie mondiale.
    • Lors des débats sur l’accord commercial avec l’Indonésie, les mêmes cercles qui contestaient la légitimité du label « huile de palme durable » du WWF et la possibilité d'assurer des contrôles, estiment aujourd’hui tout-à-fait possible de vérifier des centaines de produits, labels, ou pays de provenances différentes.

     
     
  • #10/10 exode
     

    affirmation #10/10 

    « Comment peut-on encore ainsi défendre un système qui a entrainé une baisse de 90 % de la population agricole en moins de 50 ans et qui provoque aujourd’hui la chute de la fertilité voire la mort des sols agricoles, outil vital de la population paysanne que tu dis connaître et défendre ? »

    réponse #10/10 - Les pesticides de synthèse sont responsables de l’exode rural et de la mort des sols > FAUX

    • L'évolution structurelle concerne tous les secteurs de l'économie. La population suisse a augmenté, la société a évolué, les villes se sont agrandies. Le nombres d’exploitations a diminué mais leur taille a augmenté. Le taux d’auto-approvisionnement est resté relativement stable.
    • La mécanisation et la numérisation ont changé le quotidien de l’agriculture. Plus important que le nombre d'exploitations, les personnes qui en dépendent doivent avoir un revenu adéquat. Le revenu moyen de l’agriculture a augmenté ces dernières années mais reste faible en comparaison avec les autres secteurs.

    Fertilité des sols cf ci-dessus

     
     

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